Une partie de lui(21)

       Le lendemain, Matt me déposa devant la maison avant de prendre la route pour Bafoussam.

     J'appelai Coralie, mais on ne mit pas long au telephone, elle me parla plus de la probable venue de Franc, et de sa vie là bas. Je n'avais pas voulu lui parler du nouveau que j'avais eu dans ma vie, je préférais ne pas lui en parler, du moins pas maintenant.

      Le lendemain au stage, dès que l'heure de la pause arriva, je m'empressai d'aller voir Mireille pour lui raconter tout. Depuis qu'elle s'était confié à moi, je me sentais plus proche d'elle et étais persuadée qu'elle était la personne indiquée pour me comprendre.

-Ah donc tu as eu un week-end torride me taquina-t-elle

-J'ai peur tu sais

-peur de quoi?

-d'être enceinte

-Mais tu m'as dit que vous aviez utilisé la capote. Donc il n ya pas de raison que tu sois enceinte

-Tu crois? j'avoue que j'étais un peu rassurée de l'entendre dire celà

-A moins que....

-a moins que quoi?

- a moins que la capote se soit percée

-Pardon? percée? comment on sait si elle est percée?

-Quand tu attends tes régles et elles ne viennent pas. Mireille se mit à rire. Je crois bien qu'elle avait vu que j'étais transpirante de peur et elle voulait me taquiner

     Elle réussit vraiment à me faire peur.

-Arrête stp la suppliai-je

-Très sérieusement il peut se trouver que la capote se parce, je ne saurais te dire comment. Mais j'ai souvent entendu des potes à moi lors des discussions dire que la capote s'est perçée. Ou alors elle peut glisser, je veux dire s'enlever complétement. Bref il ya toujours un petit risque, mais je ne crois pas que tu aies eu ce risque

-Je l'espère vraiment

    Mireille me regarda longuement, je crois qu'elle comprenanait vraiment la situation dans laquelle je me trouvais

- Tu sais Christ, il ya des filles qui face à la peur d'être enceinte concoctent des trucs de fou pour empêcher la fécondation. Elles prendront soit du whisky, soit du doliprane, elles parlent souvent même d'un grand verre d'eau salé...Bref elle mettent leur vie en danger de la sorte par peur de parler à un adulte ou à quelqu'un du métier. Ici au Cameroun on juge facilement les gens, ce qui fait que pas mal de petites filles deviennent sournoises et font du n'importe quoi, on s'en rend compte quand il est trop tard

     J'entendais Mireille parler et j'avais l'impression qu'en prononçant le mot sournoise elle s'adressait particulièrement à moi

- Trop tard? tu fais allusion à quoi?

- elles meurent souvent en essayant de se faire avorter

-Mais l'avortement est interdit

-Justement. elles se découvrent enceinte alors que les parents ne savaient même pas qu'elles avaient déjà un petit ami. Elles sont jeunes, et le petit ami en question irresponsable fuit quand il apprend la grossesse. La pauvre se retrouve donc seule face à cette grossesse et ne sait par où commencer. Elle imagine seulement la rage de se sparents en apprenant la nouvelle, alors la seule issue qu'elle entrevoit est de se faire avorter. Etant donné que c'est interdit, il y a des gens dans les quartiers qui se decretent donc experts en avortement et se font des sous sur le desarroi de ses petites filles qui nhésitent pas à mettre en jeu leur vie pour se faire avorter.

-Pourquoi tu me parles de tout ça? Je suis contre l'avortement moi

-C'est juste que en se parlant là, j'ai repensé à une amie morte dernierement chez un de ses avorteurs de quartier

-ah lala. Je suis désoléé

- Elle n'est malheureuseent pas la seule. Toi tu as des parents formidables. C'est vrai je ne les connais pas, mais à voir ton éducation je le ressens. Donc je suis sure qu'ils te comprendront si jamais il ya un cet accident

-Accident?

-Oui être enceinte sans l'avoir voulu

-Ah ok

Mireille était juste une fille formidable. elle ne savait même pas l'ampleur du sourire qu'elle venait de me procurer, et encore moins la force qu'elle avait mis en moi de parler enfin à mes parents de ma relation avec Matthieu

- Pour les prochaines fois, oui je sais qu'il y aura les prochaines fois. elle me fit un clin d'oeil et moi j'étais un peu gênée quand même. Si tu penses avoir pris un risque, il existe à la pharmacie des pilules de lendemain qui empêchent la fécondation. C'est plus sûr que le whisky et autres conneries

- Merci pour tout

        Je n'ai jamais attendu mes règle comme cette période là. Avant il m'arrivait même de prier qu'elles ne viennent pas, je les trouvais parfois désobligeantes. Mais là, il ne se passait pas un jour sans que je ne prie qu'elles viennent.

            J'aurais organiser une fête tant ma joie était immense quand je vis mes règles se pointer. Pour la première fois je leur souhaitai la bienvenue.

     La fin du stage déjà. Tout s'était super bien passé, je pris les coordonnées de Mireille pour qu'on puisse garder le contact. Ceux de mes collègues aussi. Les aurevoirs furent pénibles

     Matthieu devait passer me prendre pour me ramener à Bafoussam, je me sentis obligée. Non pas obligée. Je décidai de parler de lui à ma tante quelques jours avant qu'il ne passe, et à mes parents aussi. Je crois que je m'étais pollué la vie tout ce temps pour rien. Ils n'ont pas mal pris, pour maman il fallait juste que les choses soient claires et propre, autrement dit Matthieu devait venir faire le toquer à la porte